Messieurs,
Il est important de protéger l’environnement, donc j’ai commandé des panneaux solaires et une pompe à chaleur, qui me libéreront de ma dépendance aux énergies fossiles et m’éviteront dorénavant de brûler 6 tonnes de mazout chaque année. Il est édifiant de découvrir que cette démarche n’a strictement aucun intérêt financier.
Le subside que je recevrai de la Confédération n’est en réalité qu’un prêt qui sera remboursé en moins de sept ans avec les impôts que je paierai sur le courant que je vous revendrai.
Le récent fiasco des contrats dénoncés unilatéralement par SwissGrid pose une lumière crue sur les rétributions accordées aux particuliers qui revendent leur électricité. La journée, vous me facturez 26 ct/kWh et vous allez me le racheter 12 ct/kWh, soit un bénéfice de 116%. Cela alors que vous n’apportez quasiment aucune valeur ajoutée à la transaction, car les électrons que je générerai seront utilisés par le consommateur le plus proche : mon voisin.
On serait tenté de croire que votre politique de rétribution est mue par des considérations purement mercantiles, mais celles-ci ne résistent pas à l’analyse : la production privée, presque homéopathique, se mesure en MWh alors que vous traitez en TWh.
La raison réelle est plus sournoise. L’idée qu’un consommateur aie ne serait-ce qu’un peu d’indépendance énergétique vous est totalement rédhibitoire et les restrictions des volumes de fluides caloriporteurs le confirment : vous ne tolérez même pas que je puisse emmagasiner de la chaleur le jour afin de l’utiliser la nuit suivante.
Dès lors, on constate que la sollicitude des instances publiques pour l’énergie renouvelable n’est qu’une fumisterie hypocrite ; celui qui produira de l’électricité verte le paiera intégralement de sa poche et sera taxé pour son impudence.
Le seul espoir reste dans la prochaine ouverture du marché de l’électricité, qui sonnera le glas de votre monopole et peut-être l’arrivée de concurrents plus enclins à acheter une énergie propre à un prix équitable. Cela serait un vrai encouragement à l’abandon des énergies fossiles si nuisibles à notre environnement.
Recevez, Messieurs, l’assurance de mes sentiments distingués.
Maurice Calvert